Adoration des bergers

 

 

Immobiles

Nuit après nuit

Ils font silence

Ils écoutent le mouvement du silence

Ils sondent

Les hauteurs du ciel dans leur âme

Et leur âme

Par-delà

Et parfois

À l’orée de leur âme

Ils contemplent comme on fixe le feu

La musique éblouissante de Dieu

Et la flamme monte droit dans leurs yeux

Comme l’échelle des anges

 

Il advient qu’un messager

Partage un instant leur veille

Et leur silence et leur pain

Celui-ci est un Ange

Ils le savent

Ils s’émerveillent

Sans bouger

 

Se recueillent

Dans la gloire de Dieu

Qui tout emplit tel un raz de marée

Tel un vent d’étoiles

Tel un murmure

À la mesure du cœur

 

Se mettent en marche

Les siècles derrière eux

Chantant à Dieu

Un chant plus vaste que la voûte des mondes

Plus secret que l’intime du cœur

Chant de l’attente

Et du chemin

À la mère du Verbe enfant

 

Ces silencieux font l’hommage

De quelques pauvres présents

Et de paroles

Longtemps mûries

 

 

 

 

Pierre EMMANUEL, Évangéliaire, 1961.

 

Recueilli dans Notre-Dame des poètes,

anthologie réunie et présentée par Joseph Barbier

(Robert Morel éditeur, 1966).

 

 

 

 

 

 

 

 

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