Cimetière de village

 

 

Des croix humbles. Ici l’échappée infinie

Sur le grand paysage effacé dans le soir ;

Au centre, un vieux clocher. Le jour à l’agonie.

Et ce mur bas qui nous invite à nous asseoir.

 

Ah ! ces croix ! On dirait... Que sais-je ? Une flottille,

Ayant plus qu’à demi sombré dans le gazon.

L’église est close enfin. Là-bas un feu scintille,

Le reflet d’un foyer qui charme la maison.

 

Puis des parfums de fleurs montent du sol antique,

Ils montent des tombeaux de ces morts inconnus,

Et je penche mon âme où s’exhale un cantique,

Sur le sommeil de ceux qu’un beau soir n’émeut plus.

 

Ces morts, ils ont vécu dans l’amour, dans la haine ;

Ils parlaient, souriaient, eux, les gens du pays ;

Tout cela fit un peu de tragédie humaine,

Au cœur des champs, car ils se sont aimés, haïs.

 

Auprès d’eux maintenant règne enfin le silence,

Puisqu’ils dorment en paix sous le même gazon,

Et la fumée aux toits bleuit, plane ou s’élance,

Et passe comme fait la vie, à l’horizon.

 

Tout repose, les croix ont des mots de prière,

Des mots qu’emplit un au delà mystérieux,

Répétés, mots inscrits sur le bois, sur la pierre ;

C’est comme une clameur s’élevant jusqu’aux cieux.

 

« Priez pour le repos de son âme ! » Ces âmes

Ont-elles pardonné ? Le pardon, c’est la paix.

Les pauvres yeux humains dénués de leurs flammes

Attendent le réveil sous les gazons épais.

 

Il est bon de redire à voix basse et pieuse

Le psaume lent et doux, le chant : De profondis !

Qui promet à ces morts la grâce copieuse,

Et donne à leur couchant l’aube du Paradis.

 

 

 

Lucie FÉLIX-FAURE-GOYAU.

 

 

 

 

 

 

 

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