Le Christ préside à la dernière moisson

 

 

Car Jésus Préside à la dernière moisson

Et Porte sur son cœur la Plus belle des gerbes ;

Il s’avance Parmi les bleuets et les herbes

Et les coquelicots ont deviné son nom.

 

Il est des champs de blé vastes comme la mer,

Où les brises du soir se reposent et chantent

Comme de blancs oiseaux sur des eaux indolentes.

Et la nuit sur leur rêve a les yeux entrouverts.

 

Leurs épis sont gonflés de grains étincelants,

Vrais trésors attendus par les greniers célestes,

Et l’on Pense à des cœurs que la douleur oppresse

Puis meurent de leur vie, et qui s’offrent, sanglants.

 

Et ce sont ces épis que Jésus, tendrement,

Emporte dans ses bras, car leur chair est pareille

À celle des martyrs qui, dans les cieux, s’éveillent

Après avoir fixé le soleil des tourments.

 

Il est des têtes que l’orage vagabond

Courba, vers le sol mou, purs roseaux pitoyables

Le vent des malheurs ou du Péché redoutable

Accabla de son poids leur neigeuse raison.

 

Et ces tiges, le Christ les contemple, navré !

Puis sa main les soutient, leurs regrets les soulèvent,

Le Sauveur leur infuse une nouvelle sève,

Sur leurs épis jouent les rayons de sa pitié !

 

 

René FERNANDAT, Signes avant l’aurore.

 

Paru dans Ecclesia en septembre-octobre 1953.

 

 

 

 

 

 

 

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