Miroir

 

 

Pleine nuit. Le crapaud sautèle

Dans le parc profondément noir.

Sous les ramures l’ombre est telle,

Qu’elle ressemble au désespoir.

 

Les belettes et les fouines

Saignent les malheureux mulots.

Un hibou qui sort des ruines

Décrit de funestes halos.

 

Le chat, fou de plaisir, miaule,

Puis, famélique, pille un nid.

La vipère, selon son rôle,

Avale un rat que Dieu bénit.

 

Des milliers de larves hostiles

Se mangent amoureusement

Selon les lois, certes subtiles,

Que tu leur dictes, ciel clément.

 

Et – désirs, cruautés qui rôdent,

Tout-puissants instincts déchaînés –

Ces divers monstres en maraude,

De meurtre et d’amour forcenés,

 

T’offrent ta très exacte image,

Homme éternel, frère très cher,

Toi dont le rut et le carnage

Au plus profond remuent la chair.

 

 

 

René-Albert FLEURY, Le Royaume pressenti.

 

 

 

 

 

 

 

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