Le retour du travail

 

 

Sur le haut lac s’étendent

Vapeurs denses et pluies.

De très loin vient

À travers le brouillard épais

Une onde de voix mêlées,

Douce, tranquille et grave.

 

Le regard attentif ne voit

Que des eaux sombres et désertes.

Continue, elle avance

Et s’approche lentement

La mystérieuse mélodie

Douce, tranquille et grave,

 

Comme si des navigateurs

Sur une mer sans limite,

Loin du rivage natal,

À la tombée du soir,

Élevaient au Seigneur

Leur simple prière.

 

Et voici que parmi les vapeurs

Montrant leur pointe brune,

Sortent une à une,

Et çà et là se hâtent

Les petites barques,

Pleines de gens qui chantent.

 

Les rames vont et viennent,

Les chants vont et viennent,

Parmi les tas odorants

Du foin fraîchement récolté ;

À la proue se dresse

Une impatiente chevrette.

 

Ils reviennent des champs

Solitaires de l’autre rive

Les paysans, et se dirigent vers le toit

Fidèle, les vieux parents,

Les enfants innocents,

La paix de la nuit.

 

Ainsi vous soit accordé,

Votre tâche remplie et vos jours

Finis, de diriger joyeusement,

Chargées de moissons,

Vos petites barques

Au rivage du mystère.

 

 

 

Antonio FOGAZZARO,

Poésies, 1937.

 

Traduit de l’italien par

Lucienne Portier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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