Chant de Canaris

 

 

                                        CANARIS.

 

         Le vent du nord enfle nos voiles :

Au combat ! au combat ! soyez prêts, matelots ;

Voyez-vous dans les cieux scintiller les étoilés ?

         Entendez-vous gronder les flots ?

De nos deniers adieux saluons ce rivage,

         Saluons ces bords protecteurs,

Et cette anse tranquille où, longtemps de l’orage

         Nous avons bravé les fureurs.

 

 

                         CHŒUR DE MATELOTS GRECS.

 

Nous vous saluons tous, rivage, anse tranquille,

Et vous, superbe Hydra, qu’environnent les mers,

C’est nous qui les premiers avons brisé vos fers

         Comme on brise un roseau fragile.

 

 

                                        CANARIS.

 

         Tremblez, orgueilleux Ottomans !

Le bronze destructeur, la flamme vengeresse

De ce vaste archipel chasseront nos tyrans,

Et nos mâts pavoisés apprendront à la Grèce

         Que ses guerriers sont triomphants.

 

 

                         CHŒUR DE MATELOTS GRECS.

 

Nous vous saluons tous, rivage, anse tranquille,

Et vous, superbe Hydra qu’environnent les mers,

C’est nous qui les premiers avons brisé vos fers

         Comme on brise un roseau fragile.

 

 

                                        CANARIS.

 

         Croix sainte ! drapeau glorieux !

Dans la riche Stamboul tu flotteras encore,

Venez nous recevoir, mânes de nos aïeux !

Vaisseau de Canaris, sur les flots du Bosphore

         Trace un sillon victorieux !

 

 

                         CHŒUR DE MATELOTS GRECS.

 

Nous vous saluons tous, rivage, anse tranquille,

Et vous, superbe Hydra, qu’environnent les mers,

C’est nous qui les premiers avons brisé vos fers

         Comme on brise un roseau fragile.

 

                                            ___

 

Déjà l’astre des nuits levait son front d’argent,

Et ses molles clartés blanchissaient les nuages ;

         De son léger frémissement

Une brise embaumée agitait les cordages ;

Une ardente jeunesse aux sublimes concerts

Répond... Le vaisseau part... On écoute, immobile,

Et ces accents lointains frappent toujours les airs :

« C’est nous qui les premiers avons brisé vos fers

         « Comme on brise un roseau fragile. »

 

 

 

L. M. FONTAN.

 

Paru dans les Annales romantiques en 1826.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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