Au matin de l’appareillage

 

 

Au matin de l’appareillage

J’ai tout jeté par-dessus bord,

Ne gardant que mon cœur d’enfant

Dans un suprême état de grâce.

 

Et maintenant que, sur mes jours

Anciens la porte est retombée,

Qu’une autre porte s’est ouverte

Sur un grand coup de vent salé,

 

Qu’à la remorque du sillage

Se traîne un continent déchu

– Bascule, ô vaine terre, afin

Que seul demeure le sillage ! –

 

Je suis – debout, vivant et pur,

Lavé de ciel et de boucaille –

Un homme nu qui s’émerveille

Aux splendeurs de sa pauvreté :

 

Un dernier phare s’est noyé,

Les étoiles me sont rendues,

Mon âme bat comme une voile

Dans les énormes mains de Dieu...

 

 

 

José GERS, dans : Les plus beaux poèmes

sur la mer, Anthologie composée par

Yves La Prairie, Le Cherche-Midi Éditeur, 1993.

 

 

 

 

 

 

 

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