J’ai gravi ce matin...

 

 

J’ai gravi ce matin la plus haute colline,

       Je regarde les horizons,

Je ne vois que désert et qu’amas de ruines

       Sous le soleil de la saison.

Robinson prisonnier d’un océan de cendre,

       J’osais rêver d’un grand pavois.

J’ai tenté vainement, dans les bois, de surprendre

       Un chant de merle ou un aboi.

Il n’est pas de maison d’où monte une fumée,

       Pas un bruit, pas une rumeur,

La Terre a ce regard de femme abandonnée

       Où s’est tari le dernier pleur.

Jusqu’où faut-il aller pour découvrir encore

       Présence d’un être vivant ?

Les jours sont revenus de Sodome et Gomorrhe

       Et le sel retourne au néant.

 

 

Jules GILLE.

 

Paru dans Rythmes en mars-avril 1963.

 

 

 

 

 

 

 

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