Gethsemani

 

 

Sous ton bois d’oliviers quel spectacle est offert,

Jardin tragique où souffle un vent d’ignominie !

Ton ombre opprime un Dieu prostré dans l’agonie

Et ton sol tremble, ému que le ciel ait souffert.

 

Que s’éloignent de Lui le calice d’enfer,

Qu’Israël a comblé de haine et d’avanie,

L’épineuse couronne et les cris d’ironie,

Et le fiel de l’éponge et la lance de fer !

 

Mais, après le martyre accepté par la Vierge,

Dis-nous ce qui te fit plus pâle qu’un blanc cierge,

Ô Christ ! en cette nuit où tu suas du sang :

 

Quand tu vis les deux bras d’un gibet t’apparaître,

Et parmi les bourreaux un Judas prendre rang,

As-tu plus craint la croix que le baiser du traître ?

 

 

1944.

 

 

 

Joseph GINGRAS, Fidélité,

Montréal, 1958.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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