Ô Marie, que votre douleur

soit le baume de nos douleurs !

 

 

MÈRE de douleur, daigne pencher ton front si doux jusqu’à ma propre douleur !

Le glaive dans l’âme, tu contemples angoissée ton Fils mourant. Un œil fixé sur lui, l’autre cherchant le Père qui est au ciel, vers ce dernier tu soupires sur le malheur du Fils qui vous est commun.

Hélas ! la douleur aussi pénètre mes os, et combien aiguë !

Ce que mon pauvre cœur ressent de vains désirs, de craintes folles, tu le sais, ô Mère !

N’importe où je dirige mes pas, l’angoisse me suit, m’étouffe ; elle oppresse mon cœur.

J’ai peine à rester seule. Ah ! combien je souffre ! Mon cœur se déchire en moi.

Ce matin, je cueillis pour toi ce bouquet sous ma fenêtre : les fleurs qui le composent ont bu la rosée de mes larmes.

Lorsque entra, tout pourpré, dans ma chambre, le premier rayon de soleil, il me vit toute en pleurs, toute plongée dans l’amertume de la désolation.

Au secours, Mère de douleur ! Arrache-moi à la honte et à la mort !

Daigne pencher ton front si doux jusqu’à ma propre douleur !

 

 

 

GOETHE, Faust, acte IV, scène 2.

 

Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,

Éditions Saint-Jean, 2004.

 

 

 

 

 

 

 

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