À un poète

 

 

L’être béni qui marche sur la route,

Les yeux fixés sur le firmament bleu,

Ne parle pas au passant qui l’écoute :

                 Il parle à Dieu.

 

La harpe d’or dont les mains souveraines

Jettent aux airs les sons harmonieux,

Pour réjouir les oreilles humaines,

                 Vise les cieux.

 

C’est le Dieu saint du terrible rivage,

– L’autre rivage au delà de la nuit –

C’est le Dieu saint et non pas son image,

                 Qui chante en lui.

 

Ce sont les cieux qu’invoque la souffrance,

Le souffle froid de ceux qui vont mourir ;

Ce sont les cieux fermés à l’espérance

                 Qu’il veut ouvrir.

 

Les doux autels où les vierges bénies

Mêlent aux fleurs, aux parfums éternels,

Leurs fronts ornés de grâces infinies,

                 Sont ses autels ;

 

Et les amours suprêmes de la terre,

Où le bonheur s’accroît avec les jours,

Où la vieillesse, où la laideur est chère,

                 Sont ses amours.

 

L’être béni qui marche sur la route,

Les yeux fixés sur le firmament bleu,

Maître, c’est vous ! Celui qui vous écoute

                 Écoute Dieu !

 

 

 

GRASZ.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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