Stella Maris

 

FRAGMENTS

 

 

Grise et frêle dans l’or cendré du matin clair,

Asile de fraîcheur après la rude côte,

La chapelle s’ouvrait sur la falaise haute,

Cœur sculpté de granit, abri des cœurs de chair.

 

L’orgue grondait en bas, colossal et splendide.

Après un long retard sur les flots, à mes pieds,

J’entrais, sentant par Dieu mes gestes épiés,

Ivre d’air et de bruit dans ce retrait candide!

 

Une paix ! des blancheurs muettes et du bleu,

Des bancs noirs et, liane aux voûtes en ogive,

Une lampe de fer qu’un reflet d’or avive

Tombait en redressant son calice de feu [...]

 

Quel baume versez-vous en l’âme qui vous prie ?

Que lui dites-vous donc comme pour l’endormir

Quand cette âme s’apaise et cesse de gémir,

Étoile de la mer, douce Vierge Marie ?

 

Venez-vous pas alors, Refuge des pécheurs !

Ô Dame de pitié ! Maison d’or ! Tour d’ivoire !

Du bout de votre voile avec vos mains de gloire

Enlever de nos fronts l’ombre de nos douleurs ?

 

Ainsi je vous voyais, Très Pure ! et pour l’entendre,

Vers le pauvre à genoux inclinée à demi,

Ô Reine des splendeurs consolantes parmi

Les Anges d’autrefois qui pleuraient. de l’attendre.

 

Comme un gardien de phare en ce réduit enclos

J’entendais palpiter la Mer immense et folle.

Et ma prière allait plus loin que ma parole

Avec la même ardeur et les mêmes sanglots.

 

Puis il fallait partir... Tout le ciel dans la porte

S’encadrait. Une barque allait vers le soleil...

Le flot montait sauvage et chanteur et pareil

Au labeur obstiné d’une volonté forte.

 

Et moi-même, dépris du mauvais songe amer,

J’écoutais, échappé des serres de l’orage,

Inutiles appels aux regrets du voyage,

Une sirène au loin hululer vers la Mer.

 

 

 

Charles GROLLEAU.

 

 

 

 

 

 

 

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