La cathédrale

 

 

D’entre les brumes au loin surgit l’aurore,

L’hyaline rosée peu à peu s’évapore,

            Du firmament l’incarnat agonise.

La cathédrale éburnéenne de mes songes

Apparaît, dans la paix du ciel riant,

            Toute blanche de soleil.

 

Et la cloche chante en funèbres répons :

             « Pauvre Alphonse ! Pauvre Alphonse ! »

 

L’astre glorieux suit sa route éternelle.

Une flèche d’or étincelle à chaque rais

            D’éclatante lumière.

La cathédrale éburnéenne de mes songes

Sur laquelle je pose mes yeux si las,

            Reçoit la bénédiction de Jésus.

 

Et la cloche clame en funèbres répons :

            « Pauvre Alphonse ! Pauvre Alphonse ! »

 

Entre les lys et les lilas descend

Le soir qui se dérobe ; d’une amère oraison

            La lune se met à prier.

La cathédrale éburnéenne de mes songes

Apparaît, dans la paix du ciel chagrin,

            Toute blanche de lune.

 

Et la cloche chante en lugubres répons :

            « Pauvre Alphonse ! Pauvre Alphonse ! »

 

Le ciel n’est que ténèbres ; le vent ulule.

De l’éclair la chevelure fauve

            Me flagelle au visage.

La cathédrale éburnéenne de mes songes

Se noie dans le chaos du ciel épouvantable

            Ainsi qu’un astre déjà mort.

 

Et la cloche gémit en lugubres répons :

            « Pauvre Alphonse ! Pauvre Alphonse ! »

 

 

Alphonsus de GUIMARAENS.

 

Traduit par Armand Guibert.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,

Choix, introduction et notes de Federico de Onis,

Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.

 

 

 

 

 

 

 

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