L’Assomption de Marie

 

 

 

En ce temps-là, dans la vingt-troisième année qui suivit la mort de Jésus, Marie, sa Mère, acheva sa vie sur la terre dans la sainteté de sa retraite, comme elle l’avait commencée.

Après avoir suivi à Éphèse le disciple bien-aimé, ce fils d’adoption que son divin Fils lui avait donné du haut de la croix, elle revint, pour mourir proche du Calvaire, que son âme maternelle n’avait jamais quitté. Elle voulut revoir une dernière fois la ville de son aïeul David, où le dernier descendant du Roi-Prophète avait eu pour sceptre un roseau, et des épines pour couronne, et son souffle suprême chercha, pour s’exhaler avec quelque douceur, cette atmosphère déjà sanctifiée par le souffle de Jésus mourant.

Ce fut donc à Jérusalem, dans la maison d’une autre Marie, mère de Marc, qu’elle se retira pour rendre à Dieu son corps et son âme, purs de toute souillure comme elle les avait reçus.

Et à l’heure de sa mort, ses entrailles maternelles, qui avaient porté l’Enfant-Dieu, et qu’avaient déchirées les douleurs du Golgotha, s’émurent et tressaillirent une fois encore au souvenir du Christ. Elle voulut que tous ses disciples, rassemblés autour de sa couche, reçussent d’elle et recueillissent dans leur sein ce souvenir tout vivant, tel que son âme l’avait gardé pour le leur léguer.

Saint Denis l’Aréopagite, présent à cet adieu solennel, en raconta les détails à saint Jean Damascène, qui nous les a fidèlement transmis ; ainsi, la dernière parole de Marie fut un acte de foi et d’amour, et Dieu, qui avait livré à la mort le corps de son propre Fils, lui permit aussi d’accomplir sur ce corps prédestiné cette sentence inévitable prononcée contre les enfants de la femme aux portes de l’Éden.

« Dès que la sainte Vierge eut rendu l’esprit, dit saint jean Damascène, chacun se prosterna à ses pieds, les baisa en les arrosant de ses larmes ; et son corps fut porté à Gethsémani. »

« C’étaient les apôtres qui portaient le corps sacré, et les fidèles suivaient avec des cierges allumés. Quand on fut arrivé au tombeau qu’on avait préparé, on l’y déposa et, comme celui de Jésus, ce tombeau fut scellé avec une pierre. »

« Les apôtres et les fidèles, ajoute Juvénal, patriarche de Jérusalem, se relevèrent pendant trois jours à la garde de ce tombeau en chantant des cantiques, et rentrèrent enfin dans leurs maisons avec une foi et surtout une espérance plus vives. »

La tâche des hommes est finie ; celle d’un Dieu rémunérateur va commencer.

L’esprit qu’il avait envoyé à cette femme, lors de l’incarnation du Verbe, avait laissé dans le corps où il était descendu un parfum d’immortalité qui devait un jour remonter à sa source avec ce vase d’élection qui en avait été imprégné. La pourriture du tombeau n’avait rien à prétendre sur ces restes où nulle passion n’avait marqué de traces. Elle ne devait rien à la terre, celle qu’aucune émanation terrestre n’avait souillée ; aussi monta-t-elle à Dieu sans avoir besoin que la trompette du jugement l’appelât au pied de son tribunal, car il n’y avait pas de juge pour celle qui n’avait pas péché.

 

 

 

Alexandre GUIRAUD.

 

Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,

Éditions Saint-Jean, 2004.

 

 

 

 

 

 

 

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