Ôtez la rouille

et il se formera un vase très pur

 

 

Hélas ! mon cœur est plein de rouille,

Que cause ma propriété :

Si j’ai de vos dons, je les souille ;

Mettez-le, Mon Seigneur, dans votre vérité.

 

Ah ! faites-le passer sous la meule avec l’eau ;

N’épargnez point les coups, mais lavez son ordure ;

Non, ce n’est pas assez ; formez-en un nouveau

Qui n’ait plus rien de l’humaine nature.

 

Vous avez un moyen qui me paraît plus court :

Mettez-le dans votre fournaise,

Daignez le consumer du feu de votre amour ;

Il fera plus d’effet que la plus forte braise.

 

Mes yeux fourniront assez d’eau

Pour laver mon cœur infidèle :

Mais, ô divin Amour, sans ce sacré fourneau

Il pourra contracter des souillures nouvelles.

 

 

 

Jeanne-Marie GUYON.

 

Extrait de Poésies et Cantiques spirituels, 1722.

 

 

 

 

 

 

 

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