Présence de Dieu

 

 

Ces mondes enflammés qui roulent sur nos têtes,

Ces atomes errants dans le vague des airs,

La marche des saisons, le fracas des tempêtes,

Tout proclame à nos yeux le Roi de l’univers.

Je me souviens encor des jours de mon enfance :

Quand, sous un peuplier mollement étendu,

Je contemplais le ciel sur mon front suspendu,

L’ordre de la nature et sa magnificence,

Je ne sais quoi de noble et de grand à la fois,

Portait dans tous mes sens une atteinte profonde,

Il me semblait entendre une puissante voix

M’ordonner le mépris de moi-même et du monde,

Et du Dieu de mon cœur me révéler les droits.

J’entrevoyais cet Être indépendant et sage,

De tout ce qui respire et le maître et l’appui ;

Et mes jeunes transports, pour monter jusqu’à lui,

À travers les soleils se frayaient un passage.

Aujourd’hui que les ans m’ont enfin éclairé,

Interdit et tremblant à l’aspect de mon maître,

Je ne tourne vers lui qu’un œil mal assuré,

Et je laisse à mon cœur le soin de le connaître.

 

 

Traduit d’Hervey, par Baour-Lormian.

 

Recueilli dans Choix de poésies

ou Recueil de morceaux propres à orner la mémoire

et à former le cœur, 1826.

 

 

 

 

 

 

 

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