À la Vierge Marie

 

 

 

 

Ô tige et diadème du Roi de pourpre, ton enclos est comme une cuirasse.

 

Toute feuillue, tu as fleuri d’autre manière qu’Adam donnant naissance à tout le genre humain.

 

Salut, salut, de ton sein est sortie une autre vie, dont Adam avait dépouillé ses fils.

 

Ô fleur, tu n’as pas germé de la rosée ni des gouttes de la pluie, et le vent du matin n’a point passé sur toi, mais la divine clarté t’a fait pousser sur une très noble tige.

 

Ô tige, ta floraison, Dieu l’avait prévue au premier jour de sa création.

 

Et de son Verbe il fit une matière d’or, ô louable Vierge !

 

Oh ! qu’il est grand dans ses forces le flanc de l’homme d’où Dieu fit sortir la forme de la femme, miroir de toute sa parure, image de toute sa création !

 

Elles chantent toutes, les orgues célestes, et la terre est dans l’admiration, ô louable Marie, parce que Dieu eut tant d’amour pour toi !

 

Combien il faut se lamenter et pleurer de ce que le crime, par le conseil du serpent, se soit infiltré dans la femme !

 

Car la femme même, dont Dieu fit la mère de tous, cueillit son cœur, aveuglée par l’ignorance, et voua sa race à une pleine douleur.

 

Mais, ô Aurore, de ton sein un nouveau soleil est issu, qui a effacé tous les crimes d’Ève, et prodigué plus de bienfaits aux hommes qu’Ève ne leur avait causé de maux.

 

Donc, ô Salvatrice qui as apporté la nouvelle lumière au genre humain, rassemble les membres de ton Fils pour la céleste harmonie.

 

 

 

HILDEGARDE DE BINGEN.

 

Recueilli dans Le livre de la Vierge, 91 tableaux de Maîtres,

choisis par Yves Sjöberg, et 77 poèmes du XIIe au XXe siècle,

recueillis par Bertrand Guégan, 1961.

 

 

 

 

 

 

 

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