Ma soif de Dieu

 

 

Ma soif de Dieu m’empêche de fermer l’œil

mais mes larmes n’arrivent pas à noyer mon ardeur.

Les fièvres qui me détruisent seront mes témoins au Jugement,

car que serait une passion qui ne dépossède pas ?

Qu’Il me maltraite je veux bien plutôt que de s’éloigner :

les années s’il est là ne sont qu’un jour, sinon le jour est un siècle.

Béni soit Dieu dont la douceur fait vivre et fait mourir :

ne me blâmez pas, vous pâmerez à Son nom seul.

S’il s’absente je Le retrouve dans tout charme de grâce,

dans un val où broutent les gazelles du crépuscule,

dans l’aube fraîche dont les fleurs s’emperlent de rosée

ou dans la brise parfumée dont la robe me frôle.

S’Il est dans une maison c’est ma maison, sur un coteau j’y cours :

Heureux le voyageur qui marche de nuit à Sa lumière.

 

 

 

IBN-AL-FARID.

 

Recueilli dans Dieu en poésie,

Présentation de Jean Grosjean,

Gallimard, Folio junior, 1984.

 

 

 

 

 

 

 

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