Jésus et le tourbillon

 

ÉVANGILE SELON SAINT MARC, CHAPITRE IV, VERSETS 35 À 40.

 

                                                               À mon Père.

 

 

Ô Christ ! reviendront-ils, ces jours où ta tendresse,

Dans le cœur des mortels versait tant d’allégresse ?

Homme-Dieu ! viendras-tu de nouveau parmi nous ?

Entendrons-nous ta voix dont l’accent est si doux,

Comme hier à Simon demander si l’on t’aime ?...

Oh ! que de nos pensers ton retour soit le thème !

 

Le soir s’avoisinant, mon Sauveur, tu leur dis :

Nous allons traverser cette mer, mes amis.

Congédiant alors cette foule pieuse

Qui voudrait, près de toi, pour toujours être heureuse,

Les disciples s’en vont, toi, le Maître, avec eux,

Dans la barque glissant sous de tranquilles cieux.

 

... À l’air calme, soudain, succède un tourbillon

Et déjà cette barque a des lames au fond.

À la poupe tu dors, Jésus ! est-ce possible ?

Oui, tu dors. Le danger voit ton front impassible...

Ils ne peuvent te voir si longtemps sommeiller.

Et dans leur épouvante ils vont te réveiller.

Laisse-les, laisse-les interrompre ton rêve :

À l’effroi qui les prend c’est toi qui feras trêve !

Que te disent-ils donc : « Quoi, Maître, nul souci ?

Nous laisses-tu périr ? » Ils disent, et voici,

Tu te lèves. Et puis... et puis... dans ta puissance,

Tu réclames du vent furieux le silence...

Le vent se tait. Tu dis aux mariniers : « Pourquoi,

Pourquoi prenez-vous peur ? n’avez-vous point de foi ? »

 

Nous autres, nous voguons sur l’océan du monde.

Le vent noir des revers souffle, et nous avons peur ;

Mais si nous t’invoquons, dans ta bonté profonde,

Tu viens et, d’un doux mot, nous raffermis le cœur.

 

 

 

E.-H. JACKSON.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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