À un vieux Curé

 

 

Ô cheveux blancs ! Regards d’enfant ! Ô pauvreté

          Et pureté !

Humbles souffrances que vous nous avez cachées

Comme un oiseau sous les épines ses nichées !

 

Éclosion dans ces épines de ce cœur,

          Plein de chaleur !

Il s’entr’ouvre laissant passer une colombe

Blanche comme un berceau, blanche comme une tombe.

 

Votre sérénité brille comme le ciel

          De la Noël.

Pourtant n’avez-vous point senti les coups de lance

Des crimes confessés dans l’ombre et le silence ?

 

Vous avez écouté ces horribles aveux

          Qu’entend, seul, Dieu.

Vous n’avez pas bronché. Votre belle main nue

Sur le front des pécheurs courbés s’est étendue.

 

Et c’est pourquoi rayonne autour de vous l’amour

          De chaque jour,

Ou que vous respiriez la rose du parterre,

Ou que vous absolviez le meurtre et l’adultère.

 

 

 

Francis JAMMES.

 

Paru dans la revue Laudes – mars-avril 1919.

 

Recueilli dans Louis Chaigne,

L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,

Alsatia, 1938.

 

 

 

 

 

 

 

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