Baptême

 

 

Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême.

Chante à travers tes pleurs ! Et dis-nous que tu aimes

Cet humble enfant avec ce cortège craintif,

Et jusqu’au petit chien, enchanté et naïf,

qui semblait témoigner par petites gambades

de la joie que le ciel eût fait encore une âme.

 

Qu’il y a de grandeur à cette humilité !

Ce doux pauvre inconnu qu’une femme apportait

à la maison de Dieu, comme à une chaumière,

était emmailloté de sublime lumière

comme celle de l’aube au matin du coteau.

 

Le poète louait le Seigneur tout puissant

de ce que ce petit fût né, ô saint poème !

de ce frisson par quoi le couple obscur comprend

la richesse infinie des dénûments qu’il aime.

 

Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême !

car deux déshérités se sont aimés dans l’ombre,

et ont été bénis, puisque sur leur baiser

cet enfant est éclos comme sur un rosier.

 

Ô cloche ! prends ta voix de ciel bleu. On arrose

pour le jardin de Dieu une nouvelle rose.

 

 

 

Francis JAMMES,

Clairières dans le ciel,

Mercure de France.

 

Recueilli dans

Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

 

 

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