L’heure sombre

 

 

Quand les rides au front se creusent, la vieillesse

À chaque instant répète à l’homme : C’est la fin !

Le vol noir de la mort l’enserre, le caresse

Sans qu’il puisse, un seul jour, échapper au destin.

 

De loin, il vous mesure alors, moments d’ivresse,

Éphémères bonheurs qu’il glanait en chemin ;

Mais un penser fatal, le poursuivant, l’oppresse,

Et son ange lui dit : « Seras-tu là demain ? »

 

Si de son existence il a repris les phases,

Lorsque, l’âme livrée à toutes les extases,

Il a trouvé l’oubli dans ce mol abandon ;

 

En face de la mort, de Dieu, sa conscience,

Tout d’un coup résumant la suprême science,

Murmure un mot d’enfant, bien humble, un seul : « Pardon ! »

 

 

 

Sylvane de KERHALVÉ.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net