La chanson des enfants

 

 

Pays qui nous vis naître, à toi voulons offrir

Notre amour, nos labeurs, dans les ans à venir ;

Quand nous aurons grandi et prendrons notre place,

Ainsi qu’hommes et femmes, parmi notre race.

 

Père aimant pour nous tous, Père qui es au Ciel,

Ah, secours Tes enfants, réponds à leur appel,

Pour qu’ils puissent bâtir, d’âge en âge, sans fin,

Un héritage entier où rien n’est en déclin.

 

Apprends-nous à subir le joug, dans la jeunesse,

D’un cœur constant et pur, que la vérité dresse ;

Afin qu’en notre temps Ta Grâce nous délivre

La Vérité par quoi les Nations vont vivre.

 

Apprends-nous à rester maîtres de nous, toujours,

En calme et propreté, la nuit comme le jour,

Afin que, s’il le faut, ne fassions sacrifice

De rien de mutilé ni sans valeur propice.

 

Apprends-nous à chercher, dans tous nos buts admis,

Ton jugement, et non celui de nos amis ;

Afin que, grâce à Toi, ne marchions tête basse

Sous la crainte ou faveur de toute populace.

 

Apprends-nous cette Force qui jamais ne presse

Par acte ou par pensée, à nuire à la faiblesse ;

Afin que nous ayons, sous Ton bras économe,

Force d’homme, au secours des détresses de l’homme.

 

Apprends-nous à goûter les plus humbles des choses,

La Gaieté où ne gît l’amertume des causes,

Le Pardon généreux du mal et des faux pas,

L’Amour de tous les hommes qui sont ici-bas !

 

Pays qui nous vis naître, orgueil de nos efforts,

Toi pour l’amour de qui nos ancêtres sont morts,

Patrie, nous te vouons, et nous voulons t’offrir

Tête, cœur, et nos mains dans les ans à venir !

 

 

 

Rudyard KIPLING, Puck of Pook’s Hill.

 

Traduit de l’anglais par Jules Castier.

 

 

 

 

 

 

 

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