Ma prière

 

 

 

Ô toi, vers qui ma louange ose à peine s’élever, – auteur de l’univers, mon créateur ! – mais vers qui j’aspire – de tout mon cœur, de toute mon âme ! ― Tu le veux dans ta divine sagesse, – et l’amour efface nos fautes, – et tu panses nos plaies saignantes, – en ami, en frère, en père, en Dieu.

Par toi, le soleil de ses rayons éblouissants – nous éclaire dans la splendeur du jour – et la lueur des météores de flamme – par toi brûle dans le calme de la nuit. – Juge suprême et redoutable au mal, – tu nous délivres des embûches du démon – et nous ouvres contre les ténèbres du péché – toute l’immensité de ta miséricorde.

Écoute, ô Christ, ma prière, – illumine mon esprit de ta grâce, – et l’agitation de mon cœur tourmenté, – calme-la comme la houle de la mer ! – Reçois-moi sous ta protection ; – je suis ton enfant prodigue, tu es mon père ; – et comme dans ta vie d’ici-bas tu as pleuré sur Lazare, – oh ! pleure aussi sur moi !

Mon sort ne m’effraie pas, – la foi s’épanouit dans la souffrance : – c’est Dieu lui-même qui nous envoie nos croix, – et nos croix nous ramènent à Dieu. – Je suis prêt à marcher sur tes traces, – je t’en prie, renforce mon courage ; – je veux porter ma couronne d’épines, – comme toi-même, ô Christ, as porté la tienne.

Mon lot est triste, douloureux... – J’ai perdu les yeux, mes jambes ne me soutiennent plus, – et pourtant dans ce corps meurtri brûle encore – le brasier des passions rebelles. – En toi seul est mon espérance, – tu es la joie, la lumière et la paix ! – Et la robe virginale – pourra être rendue à l’esclave pénitent.

Les terreurs d’une conscience inquiète, – ô miséricordieux, apaise-les ! – Tu vois les larmes de mon repentir ; – je t’en prie, ne viens pas en jugement avec moi ! – Tu es tout puissant, et je suis sans force ; – tu es le roi de l’univers, je suis un déshérité ; – tu es immortel, je suis la poussière du tombeau ; – ma vie ne doit durer qu’un instant, tu es le Dieu éternel !

Ah ! fais que grâce à la foi sainte – je secoue le joug de mes passions, – que d’une âme rassérénée, – comme j’aime mes amis, je pardonne à mes ennemis ; – que le rayon consolateur de l’espérance – pénètre jusqu’au fond de mon cœur, – et que, pour ne me rappeler que les bienfaits, – j’oublie les injures.

Tout mon espoir est en toi – qui m’as révélé la douceur de ton amour ! – À ta bonté je confie – ma femme, mes enfants, tout moi-même ! – Tu n’as pas en vain racheté par ton sang innocent – ce monde terrestre pécheur et coupable : – que ta divine charité triomphe – partout et toujours, avec moi et en moi !

 

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Seigneur, pardonne-moi mes fautes – et rends la vie à mon âme languissante ! – Accorde-moi la force de supporter mes souffrances – avec foi, espérance et charité !

Mes infirmités ne sont pas si cruelles ― qu’elles ne me soient un gage de ton saint amour, – mais fais que pénétré de repentir, – je puisse verser des larmes de pénitence !

Jette un regard sur la misère de mon cœur, – donne-lui la pieuse ferveur de Madeleine, – donne lui la pureté de Jean !

Accorde-moi de porter ma couronne d’épines, – courbé sous ma lourde croix, – jusqu’aux pieds du Christ, mon Sauveur !

 

 

Ivan Ivanovitch KOZLOV.

 

Recueilli dans Les poètes russes, anthologie et notices biographiques,

par Emmanuel de Saint-Albin, 1893.

 

 

 

 

 

 

 

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