L’automne

 

 

Un vent qui vient du Nord soudain s’est fait entendre ;

Sous ce souffle de mort la terre a palpité,

Les oiseaux ont redit un chant plaintif et tendre,

Un hymne lent et doux, un regret à l’été,

Un adieu plein de pleurs aux beaux jours de la France,

Et puis, vers d’autres cieux, tous, ils ont pris leur vol.

Les bois, les champs alors ont souffert en silence,

Les feuilles ont jauni, puis ont jonché le sol.

Chaque an, la terre semble effeuiller sa parure,

Comme fait une femme après la fin du bal ;

Et ces débris charmants, larmes de la nature,

Ornent encor les prés, la montagne et le val.

Le soleil, à nos yeux, comme un triste sourire,

Lance encor par moments ses doux rayons dans l’air :

C’est un mot d’espérance à l’âme qui soupire.

Voici l’automne, amie, et puis bientôt l’hiver !

 

Quelques filets d’argent, sorte de feuilles mortes,

Sur nos têtes déjà, se mêlent aux fils noirs ;

Un vent lugubre et froid parfois siffle à nos portes,

Du printemps, de l’été nous avons vu les soirs :

Le soleil de l’amour nous les a faits splendides !

Voici l’automne, amie, et puis bientôt l’hiver !...

Passereaux, nous aussi, de doux printemps avides,

Bientôt nous songerons à notre vol dans l’air.

Les oiseaux ici-bas pour faire le voyage

Se rassemblent en groupe, et seul, l’homme s’en va.

De grâce, nous du moins, pour le triste passage,

Amie, attendons-nous ! Que Dieu qui nous sauva,

Au nom de notre amour pur, intense et fidèle,

Nous permette de fuir en nous donnant la main !

Avec quel saint bonheur nous irions sous son aile,

Jouir auprès de Lui, de son printemps sans fin !

 

 

 

Mlle LAFAIX.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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