À la gloire du ber

 

 

                      LA NUIT...

 

La nuit,

Quand les portes sont closes,

Et que les choses

Dorment sans bruit,

Lorsque l’enfant aux lèvres roses

Dans son ber sourit,

Et que la mère, au front pâli,

Repose

Dans son lit ;

 

Quand, sur la colline,

L’ombre s’étend,

Que l’habitant

Écoute, content,

La chanson que, sur la colline,

Chante la semence divine ;

 

La nuit,

Quand le vent fait parler les blés,

Dans les champs comblés,

Et que les bœufs, accablés,

Dorment dans leur crèche,

En rêvant d’herbe fraîche ;

 

La nuit,

Si nos yeux pouvaient voir

Dans le noir,

On y verrait, grande aile blanche,

Front qui se penche,

Souffle pur,

Comme des sentinelles

Éternelles,

Aux yeux d’azur,

Dans les maisons que l’on croit seules,

Et les foyers qu’on croit déserts,

On y verrait l’âme de nos aïeules,

Planant autour des bers !...

 

 

 

Blanche LAMONTAGNE, septembre 1918.

 

Paru dans La Revue nationale en février 1919.