Voici le saint temps, mes frères

 

Air : Il était une brunette qui tant belle était.

 

 

                        I

 

Voici le Saint temps, mes frères,

       Que le bon Jésus

Vint au monde pour l’affaire

       De notre salut,

De notre salut, mes frères,

       De notre salut.

 

                       II

 

Il voulut comme nous autres

       Avoir le nez fait,

Les mains ainsi que les nôtres

       Au bout de ses bras,

Au bout de ses bras, mes frères,

       Au bout de ses bras.

 

                       III

 

Encore qu’il fut le maître

       De grandir d’abord,

Il se contenta de croître

       Tous les jours d’un jour,

Tous les jours d’un jour, mes frères,

       Tous les jours d’un jour.

 

                       IV

 

Bientôt pourtant le mystère

       Sortit du cachot

Qu’aurait servi la lumière

       Dessous le boisseau,

Dessous le boisseau, mes frères,

       Dessous le boisseau.

 

                       V

 

Envoyé pour nous instruire,

       Il n’a pas douze ans

Qu’il commença l’ouverture

       Dans Jérusalem,

Dans Jérusalem, mes frères,

       Dans Jérusalem.

 

                       VI

 

Son père et sa mère furent

       Stupéfaits de voir

Qu’il savait les Écritures

       Sur le bout du doigt,

Sur le bout du doigt, mes frères,

       Sur le bout du doigt.

 

                       VII

 

Jean le premier porte enseigne

       De la vérité,

Disait je ne suis pas digne

       De le débotter,

De le débotter, mes frères,

       De le débotter.

 

                      VIII

 

À sa parole bénie

       Les vents se taisaient,

Les sourds avaient bonne ouïe,

       Les muets jasaient,

Les muets jasaient, mes frères

       Les muets jasaient,

 

                       IX

 

Les diables dans l’eau allèrent

       Faire le plongeon,

Les culs de jatte marchèrent

       Droits comme des joncs,

Droits comme des joncs, mes frères,

       Droits comme des joncs.

 

                       X

 

Tel manquait de luminaire

       Qui vit le soleil

Les morts jetaient leur suaire

       Sortant de leur trou,

Sortant de leur trou, mes frères,

       Sortant de leur trou.

 

                       XI

 

Sur la mer, bien que ce fût

       Terrible danger,

Il chemina sans qu’il eût

       Peur de se mouiller,

Peur de se mouiller, mes frères,

       Peur de se mouiller.

 

                      XII

 

Avec deux simples goujons,

       Cinq livres de pain,

Il saoula cinq mille gueules

       Qui mouraient de faim,

Qui mouraient de faim, mes frères,

       Qui mouraient de faim.

 

                     XIII

 

Un bel endroit de sa vie

       C’est qu’à table, un jour,

Il a changé l’eau des cruches

       En vin de Marc-d’or,

En vin de Marc-d’or, mes frères,

       En vin de Marc-d’or.

 

                     XIV

 

Mais le plus grand des services

       Serait que Jésus

Une bonne fois nos vices

       Changeât en vertus,

Changeât en vertus, mes frères,

       Changeât en vertus.

 

                      XV

 

Ah ! Dieu sait quelle fanfare

       Dans le monde entier !

Le Ciel ensemble et la terre,

       Tout dirait Noël,

Tout dirait Noël, mes frères,

       Tout dirait Noël.

 

 

 

Bernard de LA MONNOYE.

 

Traduction P. Fertiault.

 

Recueilli dans La grande et belle bible

des Noëls anciens, XVIIe et XVIIIe siècles,

par Henry Poulaille, Éditions Albin Michel, 1950.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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