Mignardise

 

 

Un peu de blond, un peu de bleu, beaucoup de rose,

Tout de la rose, un rien de l’astre, un coin du ciel,

La grâce, la fraîcheur et l’artificiel,

Une fleur, un amour, dans une apothéose.

 

Un trait d’âme que Gluck eût noté dans sa glose,

Un bout d’aile d’azur touché par Gabriel,

Le pinceau de Mignard prévu par Raphaël,

Le coloris du peintre et l’art du virtuose.

 

L’or y déroule à peine un reflet chatoyant,

Le contour, festonné d’un attrait sémillant,

En accuse pourtant la fine ciselure...

 

L’art est grand, mais l’amour est le plus grand aveu,

Et rien ne peut sertir cette miniature

Que le cœur d’une mère avec le doigt de Dieu.

 

 

 

Germaine de LASSUS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

 

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