Vigile

 

 

À qui sonde le ciel de l’esprit, et repère

Des astres ignorés, dont la jetée de feu

Met parfois des années et des siècles lumière

Pour aller de la nuit primordiale à ses yeux,

Il arrive qu’un soir ou l’autre, une étonnante

Etoile transparaisse. Insolite ? Un reflet

Monte de sa mémoire et dit qu’il l’attendait,

La carte n’indiquant pas d’astre, mais l’attente

D’un signe à suivre... Alors en lui va commencer

A travers les déserts, les cirques de pensée,

Les villes endormies, la randonnée secrète.

Quelque part, comme au lieu le plus déshérité

De l’homme, où nul regard ne songe à se porter,

Indigne d’abriter d’autres vies que de bêtes,

L’astre baisse et scintille... Et le reflet s’incline

Pour l’imiter, s’abîme afin de ne gêner

La lumière du ciel baignant un nouveau-né,

L’adore...

              Et se redresse, empreint de joie divine !

L’homme crie : « La voici, la semence du Jour,

L’empreinte où l’infini et l’infime s’échangent

Le centre autour duquel vont tourner les Puissances,

La Réserve à la chair du Dieu qui fait amour... »

 

 

 

Patrice de LA TOUR DU PIN,

Petit théâtre crépusculaire, 1963.

 

 

 

 

 

 

 

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