Les moines

 

 

Aux soirs, lorsqu’en leur cloître ils vont par les symboles,

On dirait, rallumant soudain leurs yeux ternis,

De grands saints désertés du socle des granits

Et dont l’ombre éteint l’or des fronts ceints d’auréoles.

 

Leur âme a le cristal du vitrail azuré

due l’oiseau du dehors vient battre en vain de l’aile,

Des anges, seuls au seuil, y froissent leur dentelle,

Délaissant les portails du grand ciel encombré.

 

Ils vont, et parfois l’un, frissonnant aux nuits froides,

Songe qu’il lui faudra, parmi des ombres roides

Plein d’angoisse et perdu, suivre d’un pied lassé

 

De noirs chemins, avant que transi jusqu’aux moelles

Il franchisse les cieux, capuchon rabaissé,

Pour ne pas au réveil s’éblouir aux étoiles.

 

 

 

Carmen LAVOIE, Saisons de bohème, 1954.

 

 

 

 

 

 

 

 

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