L’Angelus

 

 

                                                         À ma Mère.

 

 

J’habitais, jeune enfant, près d’une pauvre église

Où sont trois vieux ormeaux, et, quand venait le soir,

L’Angélus s’envolait dans l’espace tout noir,

Porté par un frisson de feuillage et de brise.

 

Ô mère ! tu priais ; et mon âme surprise,

Dans l’ombre de la nuit, croyait apercevoir,

Sur un croissant doré, comme en un reposoir,

Une blanche statue au bord du ciel assise.

 

À chaque mois de mai, ce souvenir lointain

Renaît, pareil au lis qui fleurit le matin ;

Aux carrefours des bois, la statue angélique,

 

Du sein d’un églantier, regarde vers les cieux ;

Mais la cloche, là-haut, dit seule le cantique,

Et je me sens venir des larmes dans les yeux.

 

 

 

Pierre LAZERGES.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1892.

 

 

 

 

 

 

 

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