Prière du soir d’été

 

 

Le soir qui remplaça l’énervant crépuscule

Lui-même va mourir et peu à peu, sans bruit,

Remplissant l’air fiévreux d’une haleine qui brûle,

Se glissera vers nous l’insidieuse Nuit.

 

Afin que nous soyons vainqueurs de ses prestiges,

Assiste-nous, ô Reine au manteau constellé,

Vierge toujours démente et féconde en prodiges,

Qui foule le Dragon d’un pied immaculé.

 

Que par tes soins, avec le sommeil taciturne,

Les songes et l’oubli descendent bienfaisants,

Et que le rampement de la Chose nocturne

N’entoure pas nos cœurs de ses anneaux pesants.

 

Fais qu’il retombe au fond de son Érèbe sombre,

Le vieux Serpent jaloux de l’homme racheté,

Le subtil Ennemi qui travaille dans l’ombre,

Le Tentateur puissant des lourdes nuits d’été.

 

Ainsi, jusqu’au matin, sans péril et sans craintes,

Aux douleurs d’ici-bas nous fermerons nos yeux :

Puis, le cœur retrempé par les batailles saintes,

Dressés, dès le réveil, dans un élan joyeux,

 

Nous te dirons merci, grande Vierge, qui passes

En beauté la blancheur des sommets et des lis,

Tandis que s’épandra dans les profonds espaces

L’éclatante lumière, image de ton Fils.

 

 

 

Louis LE CARDONNEL.

 

 

 

 

 

 

 

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