Du fond secret de mes entrailles

 

 

Du fond secret de mes entrailles,

Après la sanglante bataille

Un nouvel amour est monté

Que je ne pouvais pas comprendre,

Aussi tendre que le plus tendre,

Et plus doux que la volupté.

 

J’aimais déjà sans la connaître

La figure qui devait naître

Au premier cri de mon enfant ;

Mais il n’est pas vrai qu’on devine

La douceur encore divine

Du petit visage vivant ;

 

Cette petite bouche avide

Dans le berceau qui n’est plus vide ;

Ce duvet d’oiselet au nid ;

La face grave à peine née,

À chaque heure déchiffonnée ;

Et ce geste jamais fini.

 

Sur mon âme ardemment tendue

La grâce enfin est descendue

De l’inexprimable fraîcheur ;

Le rythme de notre amour même

Bat, dans la maison où je t’aime,

Au bruit léger de ce doux cœur.

 

 

 

Louis LEFEBVRE, Naître, Éd. Garnier.

 

Recueilli dans Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net