Au bord de l’océan

 

 

À cette heure si douce où l’horizon immense

Semble plus vaste encor dans le déclin du jour ;

Où, du Dieu créateur attendant la puissance,

Les astres lumineux qui composent sa cour

S’allument par milliers sur la céleste voûte,

J’aime à venir rêver près des flots argentés.

La voix de l’univers, qu’en silence j’écoute,

                 S’élève au sein de ces clartés.

 

C’est là, sur cette plage, attrayante et si belle,

Où la vague écumante arrive en murmurant,

Où chaque jour la mer semble une mer nouvelle,

Que je sens, je comprends, j’entends le Tout-Puissant ;

Et, le regard perdu sur la brume lointaine

Qui du ciel et des flots borne l’immensité,

Je tremble pour l’esquif qui, sur l’humide plaine,

                 Porte la pauvre humanité.

 

Oui, nous sommes petits devant cette nature

Dont l’éclat grandiose explique l’Éternel ;

Mais, sur ces bords chéris où la brise est si pure,

L’Océan semble bon, et tendre, et fraternel.

Ailleurs on peut gémir ; aux sables on espère.

Le reflux sympathique emporte dans son cours

Les pleurs et les regrets de l’humaine misère ;

                 Aussi l’on y revient toujours !

 

 

 

Armand LE GALLAIS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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