Notre-Dame de Penmarc’h

 

 

Chaque année, à Noël, on prétend que la Vierge

Mystérieusement quitte son beau ciel d’or,

Et, pour rendre visite aux chrétiens de l’Arvor,

Troque son manteau bleu contre un surcot de serge.

 

Au velours élimé de son étroit justin

Nul diamant n’accroche une lueur soudaine.

Elle est vêtue ainsi qu’une humble Bigoudenne ;

La fatigue et le hâle ont défleuri son teint.

 

Mais l’accent de sa voix a des douceurs étranges :

Ceux qui l’ont entendu meurent de son regret.

Notre ciel était sombre et, dès qu’elle paraît,

Une allégresse emplit les sentiers et les granges.

 

Jésus, entre ses bras, repose, on croirait voir,

Avec son devantier d’étoffe rude et terne,

Quelque petit enfant de Penmarc’h ou d’Audierne,

Sans le feu sombre et doux qui couve en son œil noir.

 

Une aube évangélique au loin fleurit l’espace

Et, ployant le genou devant ces pèlerins,

Les hommes de l’Arvor, laboureurs et marins,

Sentent confusément que c’est leur Dieu qui passe.

 

 

 

Charles LE GOFFIC,

Le Bois Dormant.

 

Recueilli dans Rosa mystica :

Les poètes de la Vierge,

du XVe au XXe siècle, s. d.

 

 

 

 

 

 

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