Les sœurs de la charité

 

 

Ouvre-toi, triste enceinte, où le soldat blessé,

Le malade indigent et qui n’a point d’asile

Reçoivent un secours trop souvent inutile.

Là, des femmes, portant le nom chéri de sœurs,

D’un zèle affectueux prodiguent les douceurs.

Plus d’une apprit longtemps, dans un saint monastère,

En invoquant le ciel, à protéger la terre,

Et, vers l’infortuné s’élançant des autels,

Fut l’épouse d’un Dieu pour servir les mortels.

Ô courage touchant ! ces tendres bienfaitrices,

Dans un séjour infect, où sont tous les supplices,

De mille êtres souffrants prévenant les besoins,

Surmontent les dégoûts des plus pénibles soins,

Du chanvre salutaire entourent leurs blessures,

Et réparent ce lit témoin de leurs tortures,

Ce déplorable lit, dont l’avare pitié

Ne prête à la douleur qu’une étroite moitié.

De l’humanité même elles semblent l’image,

Et les infortunés que leur bonté soulage

Sentent avec bonheur, peut-être avec amour,

Qu’une femme est l’ami qui les ramène au jour.

 

 

 

Ernest LEGOUVÉ.

 

Recueilli dans

Recueil gradué de poésies françaises,

par Frédéric Caumont, 1847.

 

 

 

 

 

 

 

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