Alléluia !

 

 

– Le faux Messie est mort. Une pesante pierre,

Comme un sceau flétrissant, a scellé sa poussière.

Tout près la garde veille avec un soin jaloux,

Et rien ne peut le rendre à la foule trompée.

Quand viendra le Promis, il mettra par l’épée

            La terre à ses genoux.

 

Ainsi dis-tu, grand prêtre, à la plèbe inhumaine,

Et sur ta bouche impie on voit rire la haine.

La plèbe exulte. Et toi, tu te crois le plus fort.

N’as-tu pas souvenir de la promesse antique ?

Écoute, aux livres saints, cette voix prophétique :

             « Il a vaincu la mort. »

 

Alléluia ! Vois donc, Juif pervers, ta démence.

Il a vaincu la mort et son règne commence.

Pouvait-il s’endormir, lui, l’éternel réveil ?

L’humanité s’élève avec lui dans la gloire ;

Jusqu’à la fin des temps on dira sa victoire

            De soleil en soleil.

 

Alléluia ! La mort était un sombre gouffre

Où venait s’engloutir tout ce qui chante ou souffre.

L’homme vivait sans but et mourait sans espoir.

Il allait, comme au vent du nord s’en va la feuille,

Comme le raisin mûr, que la vendange cueille,

            S’en va dans le pressoir.

 

Le Suprême Ouvrier voyait périr son œuvre.

Le mal nous étreignait de ses longs bras de pieuvre ;

Un égoïsme froid pesait sur les mortels ;

Le Pontife riait de ses pieux symboles,

Et dans son cœur coupable, aux menteuses idoles

            Il dressait des autels.

 

Le temple de Sion, – indignes sacrifices ! –

S’inonde encor du sang des boucs et des génisses,

Mais le bras du Seigneur n’est plus son étançon...

Il s’écroule, et l’offrande impure est rejetée.

Terre, réjouis-toi, le ciel t’a rachetée,

            Le Christ est la rançon !

 

Montez, Alléluias, montez ! Non, jamais heure

Pour les pauvres humains n’aura sonné meilleure.

La haine s’est enfuie au souffle de l’amour ;

L’Éternel a levé le terrible anathème

Qui pesait comme un joug sur le front sans baptême,

            Depuis le premier jour !

 

Ô peuples façonnés aux hontes du servage,

Buvez le vin nouveau ! C’est un divin breuvage

Qui mettra la vaillance en vos cœurs engourdis,

Et vous réjouira comme un chant de trouvère !

Dans un long cri d’amour il coula du calvaire

            Sur le front des maudits.

 

Vierges, semez de lis vos retraites jalouses.

Que la blancheur est douce et fleure bon ! Épouses,

Chantez l’alléluia ! Vos foyers sont des nids

Que ne profanent point les amours éphémères,

Et, quand tressailliront vos entrailles de mères,

            Vos fruits seront bénis !

 

Alléluia ! Petits que l’orgueilleux dédaigne,

Grands qu’on envie, et dont en secret le cœur saigne,

Passants accoutumés du chemin des douleurs,

Un baume va couler, divin, sur vos blessures,

Et les baisers ardents des lèvres les plus pures

            Iront sécher vos pleurs.

 

Alléluia ! Le Christ s’est levé plein de vie !

Homme simple, à genoux ! À genoux, fier génie !

Par le monde il s’en va semant la vérité.

La nuit n’est plus. Salut à la nouvelle aurore !

Le passé t’appelait, tout l’avenir t’adore,

            Divin Ressuscité !

 

 

Pamphile LEMAY.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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