La première faute

 

 

Je me souviens qu’un jour j’avais été méchant,

Et ma mère attristée et pourtant toujours tendre

Me prit sur ses genoux pour me faire comprendre

Ce que du mal commis peut comprendre un enfant.

 

Ses baisers étaient doux, et grave son langage,

Et je voyais descendre en moi de la clarté

Qui, me montrant le bien dans toute sa beauté,

Me faisait détester ma faute davantage.

 

Je promis d’obéir, en pleurant sur son cœur,

Et je compris dès lors cet immense bonheur :

Une mère pieuse à l’aube de ma vie.

 

Car c’est elle qui mit du divin sur mon front,

Elle qui fit sentir à mon âme ravie

La grandeur de la faute aux douceurs du pardon.

 

 

 

Charles LEMERCIER.

 

Recueilli dans Poètes de la famille au XXe siècle, Casterman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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