La femme

 

 

Vous m’avez dit : « La femme est comme l’hirondelle

» Qui vient dans les beaux jours et qui s’enfuit l’hiver :

» Au sourire, au bonheur on la trouve fidèle ;

» Dès qu’on souffre et qu’on pleure, on lui devient moins cher. »

 

Combien vous savez peu lire au fond de nos âmes !

La souffrance est pour nous l’aiguillon de l’amour.

N’est-ce pas la douleur qui fait chérir aux femmes

L’enfant chétif et nu qu’elles ont mis au jour ?

 

Tout ce qui tombe et passe exhalant une plainte,

Tout souvenir des morts, tout soupir des vivants,

Fait vibrer notre cœur comme une harpe sainte

Pendue aux murs du temple et qu’effleurent les vents.

 

Dieu dans notre faiblesse a mis la sympathie ;

Nous avons tant besoin nous-mêmes de secours !

Notre compassion est une garantie

Que ceux que nous aimons prendront soin de nos jours.

 

Aimer ! n’est-ce pas craindre et souffrir pour un autre !...

Tous les deux nous suivons un semblable chemin :

Laissez-moi détourner quelques ronces du vôtre,

Vous verrez si j’ai peur de déchirer ma main !

 

Quand sonne la grande heure où le ciel nous réclame,

Si sur terre un moment sa vertu s’oublia,

Pour obtenir sa grâce, aux pieds de Dieu, la femme

Dépose le trésor des pleurs qu’elle essuya !

 

 

 

Marie de L’ÉPINAY.

 

Paru dans L’Anémone, annales romantiques, 1837.

 

 

 

 

 

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