Pitié de la dame

 

 

Sui les bois d’où jaillit la bête effarouchée,

Sur les bois que le cor funèbre emplit d’émoi,

La dame en sa pitié sereine s’est penchée :

« Ouvrez au cerf, dit-elle, et qu’il entre chez moi !

 

Qu’il boive au bassin clair où de son bruit débile

Une eau tinte au milieu de la cour en repos,

Sous l’ombre des grands toits, au milieu des murs clos,

Que lambrisse un grand lierre à la feuille immobile. »

 

Saint Hubert, quand parut le crucifix de feu,

Aux bêtes étendit la clémence de Dieu

Qui, pour les protéger, s’assimile aux victimes.

 

Et le cerf, dont les pleurs argentèrent les yeux,

Se coucha sur le seuil, et les chiens furieux

Ne mordirent qu’en rêve aux dépouilles opimes.

 

 

 

Charles-Florentin LORIOT.

 

Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,

poèmes choisis, introduction, notices et analyses par

Charles-Théophile FÉRET, Raymond POSTAL et divers auteurs,

Paris, Librairie Garnier Frères, 1920.

 

 

 

 

 

 

 

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