Le vieux berger

 

 

Il a toujours vécu sur l’aride plateau,

C’est là qu’il a voulu, pour qu’elle en fût plus fière,

Son âme belle autant que l’ardente lumière

Qui coule chaudement sur le flanc du coteau.

 

Et c’est là que ce soir, drapé dans son manteau,

Je n’ai plus reconnu ce rêveur solitaire

Courbant sous le ciel gris son grand corps vers la terre,

Comme serré dans les mâchoires d’un étau.

 

Mais voici mon amie : « Ô Lune blanche et ronde

« Qui vient auréoler sa tête une seconde,

« Dis-moi, que fait ce vieux, penché sur son bâton ? »

 

– Il pense à sa jeunesse et du regard effleure

Dans la plaine, la croix noire du clocheton,

Pour qui le temps n’est rien puisque la Foi demeure.

 

 

 

Auguste LOUBIER.

 

Paru dans Les poètes de la tradition en janvier 1938.

 

 

 

 

 

 

 

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