Ascension

 

 

 

Voici que tu laisses ton troupeau, divin Berger, dans cette vallée profonde, dans la nuit, dans la solitude et les pleurs, et toi, brisant l’air pur, tu regagnes l’immortel refuge !

 

Fortunés jusqu’à cette heure et maintenant affligés, tes enfants nourris sur ton cœur, vers qui tourneront-ils, dépossédés de Toi, leurs visages avides ?

 

Les yeux qui virent la beauté de sa face, que regarderont-ils qui ne rebute leur regard ? Les oreilles qui entendirent la douceur de ta voix, à quelle voix ne seraient-elles désormais rebelles et sourdes ?

 

Cette mer tempétueuse, qui la maîtrisera ? Ce vent sauvage, qui l’apaisera ? Toi disparu, quel astre guidera le navire au port ?

 

Ô nuée envieuse même de cette courte joie ! As-tu à te plaindre de nous ? Pourquoi tant de hâte à nous fuir ? De quel trésor t’envoles-tu chargée ? Et dans quel dénuement nous laisses-tu, nous ? et dans quelle nuit ?

 

 

Fray LUIS DE LEON.

 

Traduit de l’espagnol par P. H Michel.

 

 

 

 

 

 

 

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