À Madame la comtesse de Volney

 

 

Quoi ! j’ai donc en effet quelque peu de mérite,

Puisqu’il m’a procuré votre aimable visite ;

Le pauvre tisserand saura s’en souvenir !

Vous avez bien voulu vous asseoir à sa table,

À ses petits succès vous montrer favorable,

        Lui parler de son avenir.

 

Rien de plus doux au cœur qu’une voix qui console.

Que de chagrins s’en vont devant une parole !

Que de pleurs cessent de couler !

– Voyez ce pèlerin fatigué du voyage

Qui rencontre à la fin un peu d’eau, de l’ombrage,

        Un ange pour le consoler.

 

Il se croyait perdu dans le désert immense,

Et le doute accablant faisait fuir l’espérance

        Qui l’a soutenu si longtemps,

Mais une douce voix a frappé son oreille,

Il renaît à l’espoir, et son cœur se réveille

Comme l’oiseau joyeux au retour du printemps.

 

Je suis ce pèlerin, vous, son ange propice,

Car vous m’avez tendu votre main protectrice,

        À moi, poète en tablier !

Oh ! j’ai cru ce jour-là revoir ma pauvre mère,

Vous avez sa bonté, ses traits, son caractère,

Ô ma mère, ô Volney, puis-je vous oublier !

 

 

 

MAGU, Poésies de Magu, tisserand, 1846.

 

 

 

 

 

 

 

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