Piété des preuses

 

 

À la tendre clarté des chapelles castrales,

Sous les profondes nefs des vastes cathédrales,

Jadis elles priaient avec grande ferveur,

Abaissant de longs cils sur leur regard rêveur.

Les vitraux s’allumaient de lueurs idéales ;

Les vierges scintillaient, frissonnantes étoiles

Au fond de l’ombre et du mystère de la nuit,

Dans le lointain où lentement s’évanouit,

Après avoir erré sous les voûtes d’ogive,

La voix de l’orgue, formidable et fugitive.

Elles étaient pudeur exquise et pureté :

Le resplendissement des aurores, l’été,

Ne les eût si candidement auréolées

Que leurs voiles légers aux blanches envolées...

Et la foi débordait de leurs cœurs grands ouverts,

Tandis qu’elles songeaient aux ancêtres divers

Qui dormaient du sommeil éternel, sous les dalles

Où l’orgueil des barons et des cours féodales

Avait gravé des noms sonores, des noms fiers,

Qu’en passant effaçaient peu à peu leurs sandales !

 

 

Henri MALO.

 

Recueilli dans Anthologie de la Société des poètes français, t. I, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

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