Notre-Dame du Ciel

 

 

Notre-Dame du ciel, au seuil blanc de l’année,

Les veilleurs de l’aurore ont fait monter vers vous,

Par dessus notre angoisse et notre nuit fanée,

Leur plus fidèle amour et leur chant le plus doux.

 

Laissez-moi retrouver, limpide, ardent et sage,

L’élan vers votre autel de mes jeunes matins :

La terre où nous vivons n’est qu’un pauvre village,

Mais, avec vous, les cieux ne sont jamais lointains.

 

Vous êtes, sur les temps, le guide impérissable

Qui franchit les hivers et fait vivre l’été,

Et tous nos faibles mots engravés dans le sable

Prennent un autre essor devant votre beauté.

 

Mère secrète et douce au foyer de l’enfance,

Vous n’aviez point de part au festin chez Lévi,

Mais vous aimiez déjà les pécheurs sans défense,

Sur le chemin d’espoir qu’ils ont enfin gravi.

 

Votre visage seul, entre tous les visages,

Éclaire d’un printemps maternel et sacré

La tragique amertume où frissonnent les âges,

Quand l’homme ne sait plus que Dieu l’a délivré.

 

Je n’ai rien désiré que vous aimer dans l’ombre,

Mais les jours exilés de ce voyage obscur

Ont empli mon regard de vos clartés sans nombre,

Car ceux que vous aimez ont le goût du blé mûr.

 

Ils sont la gerbe haute aux granges éternelles,

La gerbe de famille au bon soleil d’été,

Et les épis glanés de vos mains maternelles

Seront les mieux reçus au seuil de la cité...

 

Je reviens avec eux des mortelles vallées

Pour reprendre la route où fleurissent vos pas :

Si nous tendons vers vous nos âmes désolées,

Les démons de la nuit ne nous rejoindront pas.

 

Quand l’humble paix des soirs viendra clore ma vie,

Lorsque j’achèverai ma terrestre saison,

Mon seul trésor sera de vous avoir servie

Avec le simple amour des fils de la maison...

 

 

 

Jean-Abel MARCHAND,

à Saintes, en janvier 1954.

 

Paru dans la revue Marie en juillet-août 1954.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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