Les yeux purs

 

 

Ces yeux, ces yeux profonds sont des eaux si limpides

Que nulle ombre ne peut leur ravir la clarté :

Ils restent trop remplis d’éternelle beauté

Pour se fixer longtemps sur des horizons vides.

 

Ces yeux, ces yeux secrets ont la couleur des flots,

Le reflet pers et bleu d’altitudes sereines

Qui portent jusqu’à Dieu l’allégresse et les peines

Et mêlent de la joie aux plus vivants sanglots.

 

Ces yeux, ces yeux voilés qui gardent la lumière

Et ne la font jaillir que pour l’amour divin,

La tombe ou le sommeil les fermeront en vain,

Car l’aurore immortelle y renaît la première.

 

Ces yeux, ces yeux aimés qui n’appartiennent plus

Au frêle émoi d’un jour, aux brumes de la terre,

Ils devinent déjà le sublime mystère

Qui rayonne, infini, dans les regards élus !

 

 

 

Jean-Abel MARCHAND.

 

Paru dans Le Noël et la Maison en avril 1939.

 

 

 

 

 

 

 

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