Le fils de la veuve

 

 

« Le front incliné sur ton livre d’heures,

Oh ! je le vois bien, ma mère, tu pleures !

Et tu sembles triste en me regardant.

Mais, va ! j’ai huit ans ! mère, prends courage,

J’aurai, pour nous deux, du cœur à l’ouvrage

                Quand je serai grand !

 

Je voudrais grandir. Oh ! le temps me dure !

Hier, un méchant t’a jeté l’injure :

Il te voyait seule avec un enfant.

Des cœurs sans pitié raillent ta misère,

Mais aucun d’entre eux ne l’osera, mère,

                Quand je serai grand !

 

Ton châle est usé ; ta robe de laine,

Si vieille à présent, se soutient à peine.

Je t’habillerai d’un chaud vêtement,

Et pendant l’hiver toute la journée,

Tu verras du feu dans la cheminée

                Quand je serai grand !

 

Je t’obéirai, mère, sois tranquille !

Oh ! tu le verras ! ton enfant docile

Ne fera jamais ce que Dieu défend

Tu dis quelquefois : La vie est amère ;

Tu seras heureuse et tu seras fière.

                Quand je serai grand !

 

Nous achèterons au bout du village

Un petit jardin... tu souris, je gage,

Auprès des oiseaux, sous un lilas blanc,

Pour toi, je veux faire un banc de verdure.

Et tu guériras mère, sois en sûre,

                Quand je serai grand !

 

Et l’humble malade, un instant heureuse,

Lui serrant la main de sa main fiévreuse,

Murmurait tout bas, en le contemplant :

« Enfant, sois béni, mais ta pauvre mère

N’aura plus besoin que de ta prière,

                Quand tu seras grand ! »

 

 

 

MARIE-JEANNE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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