Aujourd’hui

 

 

Aujourd’hui, parce que le ciel est un cantique,

Parce que le jour pur, épanoui, mystique,

Offre une coupe d’or au lointain recueilli ;

Parce que le grand monde étale sur son lit

Son voile fait d’azur sur sa forme éclatante ;

Parce que l’onde rit en fécondant la plante ;

Parce que le soleil écrase en mille sens,

Aux lèvres du sol mûr, mille graines d’encens ;

Parce que l’arbre épais, ployé sous sa lumière,

Est comme un doux géant aux pieds de la rivière ;

Parce que l’air rapide évente d’un roseau

Le large front du bord et les yeux clairs de l’eau

Au sein las du vallon, parce que croît la sève,

Parce que les bois clos frémissent de leur rêve ;

 

Parce que je suis seul devant l’immensité,

Nature à ton midi, nature à mon été ;

Parce que ton sourire a le goût de la vie ;

Parce que ma prunelle, à ta forme asservie,

Pénètre jusqu’au fond ton cœur mystérieux ;

Parce que ton amour a glorifié mes yeux ;

 

Je ne me souviens plus des cités où nous sommes,

Ni de l’ombre du temps qui suit les pas des hommes,

Ni du mystère obscur où se courbe la foi :

Je ne sais rien qu’un Dieu caché qui parle en moi.

 

 

 

Gilles MAY.

 

Paru dans Les Annales politiques

et littéraires en 1908.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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