Parabole des blés

 

 

Au déclin de juillet, par les soirs assoupis,

Lorsque les blés sont mûrs et que la brise est lente,

Un chant mystérieux s’élève des épis

Dont la nappe s’étend par la plaine, ondulante.

 

Ce chant est doux comme un poème d’autrefois,

Car ils sont très anciens les blés à barbe blonde ;

La Bible de Moïse en parle à maints endroits,

L’homme ayant fait du pain dès l’aurore du monde.

 

C’est pourquoi leur poème a l’air d’un psaume hébreu ;

Et, comme un patriarche amateur de symboles,

Ayant beaucoup appris au livre du ciel bleu,

Ils parlent volontiers à l’homme en paraboles.

 

Ils disent : « Ici-bas, votre vie est un champ.

Un homme, étant sorti pour faire ses semailles,

Avait laissé tomber, par mégarde, en marchant,

Un boisseau de son grain au milieu des broussailles.

 

Le blé que l’homme avait laissé tomber ainsi

Germa, mais vainement : car ses tiges penchantes

Ne purent s’élever en épis, et ceci

À cause des buissons et des ronces méchantes.

 

Or, la saison d’après, avec un soc d’airain,

L’homme ayant labouré longtemps ce sol en friche

Et le voyant propice, y ressema du grain ;

Et son blé devint grand, et sa moisson fut riche.

 

Ainsi quand le très bon et très doux Laboureur

À votre âme voulant confier sa semence,

Y trouve enracinés et le mal et l’erreur,

Il se fait précéder du soc de la souffrance.

 

Et le sillon fini de ce labour pieux,

Dieu sème, et sa moisson fait merveille ; et les anges,

Quand arrivent les jours de l’été radieux,

S’en vont amoncelant les gerbes dans ses granges. »

 

Ainsi parlent les blés très vieux et très savants ;

Et jusqu’à ce que l’ombre ait fui devant l’aurore,

Inclinant tour à tour leurs fronts chenus aux vents,

Ils se disent entre eux bien des choses encore...

 

 

 

Louis MERCIER.

 

 

 

 

 

 

 

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