Je le voudrais, mais je ne puis

 

 

Je le voudrais, mais je ne puis aimer les hommes.

Étranger parmi eux, mon cœur à des amis

Préfère étoiles, ciels, lointains bleus et glacés.

Forêts et steppes nues aux nostalgies sans voix...

Je ne me lasse point du bruissement des arbres,

Mes yeux toute une nuit attendraient bien le jour,

Sachant pleurer dans l’ombre, ardemment, doucement,

Et le vent est mon frère et la vague est ma sœur,

Et la terre mouillée une mère chérie...

Et pourtant ce n’est point près d’eux que je dois vivre

Et je vois, ô terreur, fuir sans amour ma vie...

Se peut-il que mon cœur pour les siècles soit mort ?

Rends-moi plus fort, Seigneur, fais que j’aime mes frères !

 

 

Dimitri MEREJKOVSKI.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,

choix, traduction et commentaires

de Jacques David, Stock, 1948.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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